Soulagement et déception …

Publié le par jpkasusula

L'opinion publique tant congolaise qu'étrangère a poussé un ouf de soulagement après le verdict de la Cour Militaire de Garnison de Gombe dans l'affaire des assassinats de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, respectivement ancien Directeur Exécutif de l'Ong La Voix des Sans Voix et chauffeur du précité. On sait que la proposition des juges de requalifier l'infraction d'assassinat en homicide involontaire, à la veille des plaidoiries des avocats des deux parties ainsi que du réquisitoire du ministère public, avait semé le doute dans les esprits. La partie civile avait même claqué la porte en signe de protestation. La méfiance s'est davantage accrue au passif de la justice militaire avec le report inattendu du verdict intervenu il y a une semaine. D'aucuns ont commencé à se demander s'il ne s'agissait pas de manoeuvres dilatoires pour endormir tout le monde et sortir, en catimini, un arrêt ficelé dans un «laboratoire ».

Mais les lourdes peines prononcées hier contre les prévenus ont eu, tant soit peu, le mérite de faire baisser la tension dans les milieux des familles des victimes, des défenseurs droits de l'homme, nationaux comme étrangers, des diplomates et des professionnels des médias.

Le direct,» réalisé à cette occasion par la télévision nationale congolaise a permis à quiconque de s'imprégner de l'exposé des motifs et de disposer ainsi d'éléments d'appréciation de i'arrêt de la Cour Militaire de Gombe.

Même si le débat de fond reste à creuser, il y a lied de saluer, au plan de la forme, le travail de titan abattu par les magistrats de cette juridiction, lesquels laissent finale ment auprès du grand public le sentiment d'avoir agi dans une relative indépendance. On ne leur demandait pas mieux que de fournir à tous la preuve de leur savoir-faire et de leur capacité à dire le droit selon leur intime conviction, au regard des pièces présentes dans les dossiers.

Grosse déception …

La grosse déception, dans l'affaire Chebeya et Bazana, est que la vérité tant attendue n'a pas éclaté. Beaucoup de zones d'ombres restées en l'état.

En effet, les officiers de police condamnés à mort pour assassinat n'ont pas été amenés à expliquer à la Cour le film réel du crime, ainsi que le mobile de sa commission. D'où, personne ne saura jamais, en dehors des « initiés », ce qui s'était réellement passé à l'inspection Générale de la Police Nationale Congolaise, le mardi 1er juin 2010. Qui sont les véritables assassins, de Chebeya et Numbi ? Pourquoi les avait-on éliminés de manière violente ? Qui avait (avaient) commandité e double crime ? Ces questions n'ont pas pu trouver de réponses, alors que le dossier judiciaire est bouclé au niveau du premier juge.

La disparition de Bazana demeure du domaine du mystère. Le chauffeur avait-il été exécuté le même jour que son patron ou plusieurs jours et semaines après ? Où est passée sa dépouille mortelle ? Pourquoi avait-on décidé de faire disparaître, à jamais, son cadavre ?

De l'avis de plusieurs spécialistes du droit, la justice militaire congolaise est allée vite en besogne en déclarant Bazana mort une année seulement après sa disparition, sans en apporter la preuve formelle. Une telle option, pense-t-on, aurait dû être levée après deux ou trois décennies.

Les pressions internes et externes auraient-elles finalement contraint la magistrature militaire à s'assumer et éviter une parodie de procès? Nul ne le sait. Toujours est-il que les apparences d'équité sont sauvegardées.

Au regard de la modicité des réparations financières allouées aux familles biologiques des victimes et aux organisations de défense des droits de l'homme, on a l'impression que les vies de Chebeya et Bazana ne pesaient pas. Pourtant, frères, sœurs et collègues de service ont été durement frappés. La petite consolation attendue au niveau des dommages-intérêts est franchement décevante.

                                                                                                                Kimp 

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