Comment Kamerhe a parlé de Kabila à Goma-Bukavu

Publié le par jpkasusula

Foule partout. Cinq ou dix milles personnes venus l'accueillir sous une pluie battante à l'aéroport de Kavumu. Des milliers d'autres dressés en haie tout au long du parcours de 35 kilomètres jusqu'au centre ville. Concentration plus dense encore au stade de Kadutu estimée à des dizaines de manifestants. Même au siège du PPRD, place de l'indépendance, des occupants

ont quitté leur bureau pour faire le badaud au balcon ce sont peut être plus de 100.000 personnes qui ont salué le séjour de Vital Kamerhe à Bukavu. Pour qui a vécu ce spectacle, il n'est pas exagéré de parler du phénomène Kamerhe dans la capitale du Sud-Kivu ou simplement à l'Est de la République à prendre en compte la foule mobilisée à Goma et la demande qui monte dans le Maniema. Cette démonstration de force appelle tout observateur sérieux à constater que la RDCongo électorale ne pourra pas ne pas se faire sans Kamerhe. Soit il en sortira élu Président, soit il sera le faiseur du Roi, soit il sera la première force de la future opposition. En tout cas, si le Kivu compte dans la balance, c'est que Kamerhe est incontournable dans les enjeux à venir (Lire ci-dessous le reportage sur Goma. Celui de Bukavu est à venir dans les prochaines éditions, les contraintes de temps n'ayant pas permis d'être à jour). 

Réputation confirmée pour Vital Kamerhe. Avec les milliers de manifestants venus l'accueillir, le 22 juin, à l'aéroport de Goma, pour e contraindre à marcher à pied jusqu'au lieu du meeting, au stade Hafia, il ne se trouve presque plus personne pour contester au leader de l'UNC son leadership dans toute la partie Est de la République. Presque plus personne pour contester à cet homme qui avait déjà jeté tout Bukavu dans la rue sa place de maître de tout le Kivu-Nord, Sud et Maniema.

Dans la capitale de la province du Nord Kivu, c'était tout un défi. Quelques mois auparavant, en décembre de l'année dernière, Kamerhe y avait connu des incidents alors que son cortège quittait l'aéroport pour e centre-ville. Des jeunes instrumentalisés avaient tenté de lui barrer la route en brûlant des pneus sur son passage. Il avait tout de même poursuivi son parcours, affirmant que rien n'allait l'arrêter. Il fallait avoir assez de courage. Du courage pour retourner dans Goma où la population était encore sous la psychose des événements de décembre 2010. A bord de l'Airbus A 320 de la CCA qu'il a pris à l'aéroport de N'djili, Kamerhe se montre très serein.

A l'étape de Kisangani, il se permet même une escapade pour aller discuter ave ses collaborateurs dans le salon présidentiel. Le voilà qui avance et jusque là personne l'a reconnu avec son képi aux couleurs de l'UNC. Sitôt que le premier lui lance «Bonjour Président», des salutations sourdent de partent avec des poignées de mains qui se disputent la pomme du candidat. Le candidat qui sourit et qui promène un regard sur son entourage comme pour dire qu'avec ça  je n'ai besoin de prouver que j'ai une stature nationale. « Si j'avais prévenu notre antenne de Kisangani que j'allais m'arrêter ici, ça aurait été une marée humaine », murmure-t-il avec assurance. La marée humaine prévisible à Kisangani, Kamerhe y a droit pleinement à l'aéroport de Goma. La ville volcanique n'avait plus connu telle mobilisation depuis l'époque où le même Kamerhe y est passé pour vendre l'image de Joseph Kabila. Cette fois-ci, c'est de lui-même qu'il est venu parler comme il l'a dit clairement devant la multitude réunie au stade Hafia. « J'ai quitté ce camp là pour rejoindre le camp du peuple », a affirmé Kamerhe devant des Gomatraciens qui ont perdu leur enthousiasme kabiliste d'antan à cause du désenchantement né du programme de cinq chantiers. Pas grand-chose n'a été réalisée ici pour ne pas dure rien. Quelques travaux de réhabilitation ont commencé sur certaines artères de la ville. Elles se sont arrêtées au dédallage des chaussées qui attendent toujours d'être revêtues de bitume. Allez-y voir combien la poussière y monte chaque fois qu'un véhicule vint à passer. Déjà poussiéreuse, la ville de Goma l'est devenue davantage. Si bien que la foule a laissé déborder son ras-le-bol devant Kamerhe en criant « Vumbi, Vumbi » (ndlr : Poussière). Nulle part l'ancien secrétaire général du PPRD ne s'en est pris à Kabila personnellement mais il a fit savoir que c'est le bilan de celui-ci qui allait entraîner sa défaite. Kamerhe a critiqué et proposé. Ses propositions sont restées les mêmes qui fondent son programme calqué sur le modèle de Lula Da Sylva au Brésil.

Il a quitté Goma dans l'après-midi du 23 juin pour Bukavu où il est allé s'enrôler à la tête des milliers de manifestants.

                                                                    Envoyé spécial H.M. Mukebayi Nkoso

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