A la lumière des incidents de lundi - Le professionnalisme et la neutralité de la police remis en cause

Publié le par jpkasusula



Le dépôt du mémo de l’UDPS au bureau de la Ceni, fera encore couler beaucoup d’encre et de salive, surtout pour les incidents survenus lundi dernier sur le boulevard du 30 juin. Plusieurs bilans ont été dressés et plusieurs témoignages aussi contradictoires les uns que les autres ont été enregistrés. Toujours est-il que dans les jours à venir, l’on saura enfin, le nombre exact des victimes enregistrées devant le bâtiment du siège central de la Ceni, à l’issue de plusieurs enquêtes menées par les ONG de défense de Droits de l’Homme et autres institutions.

Qu’il y ait un mort ou deux morts, un nombre déterminé des blessés et des brûlés, ainsi que des dégâts matériels importants, personne dans la ville, n’approuve ces incidents pour lesquels plusieurs voix se lèvent pour condamner ce qu’ils qualifient comme étant les dérapages de la police !
Les premiers à réagir sont les partis politiques d’opposition qui fustigent l’interventionnisme de la police. Pour eu, la police a déployé plusieurs unités, comme si elle allait en guerre, alors que la manifestation du jour n’était que le dépôt d’un mémo à la Ceni. Logiquement, la transmission d’un courrier à un service de l’Etat ou à une institution d’appui à la démocratie, ne pouvait requérir la mobilisation d’autant d’effectifs des policiers sur le terrain. Et pour ces partis politiques, la question qui se pose est celle de savoir si ce déploiement monstre des unités de la police, ne justifiait pas la suite des événements.
Pour certains leaders politiques d’opposition, la police se manifeste avec un zèle débordant quand il s’agit des manifestations des partis politiques de la majorité. Là, elle encadre les manifestants avec une efficacité exemplaire et l’on n’enregistre aucun incident.
Mais s’il s’agit des formations politiques de l’opposition, l’on assiste curieusement aux bavures policières et autres provocations sur les combattants que l’on pousse à réagir violemment. Dans pareils cas, ce sont les dérapages des éléments à la gâchette facile qui sont déplorés.
Pour des observateurs de la scène politique congolaise, les incidents survenus à Kinshasa, lundi dernier, tout comme ceux intervenus à l’intérieur du pays, interpellent une fois de plus, les responsables de la police nationale.
Tout en recommandant aux policiers, un comportement plus professionnel, ils exhortent les responsables de ce corps, à la neutralité.
La Police nationale congolaise étant au service de toute la nation, elle doit s’interdire d’adopter la politique de deux poids deux mesures lors des manifestations publiques.
On se rappellera à ce sujet, que certains éléments de différentes unités de la police avaient participé à plusieurs sessions de formation sur l’appui au processus électoral. C’était en 2006.
Au cours de ce programme spécial de renforcement de capacités, les formateurs avaient insisté sur l’attitude du policier dans une société démocratique. Cette attitude requiert à la fois professionnalisme dans ses méthodes de travail et neutralité dans l’encadrement des manifestations publiques. Un accent particulier a été mis sur le respect des Droits de l’Homme. Les policiers ont appris à respecter la Constitution et les lois de la république qui garantissent un certain nombre des droits aux citoyens, tels le droit à la liberté d’expression, le droit d’adhérer aux associations de la société civile ou aux formations politiques de leur choix et le droit aux manifestations publiques.
Aucune loi n’interdit aux combattants de partis politiques d’opposition de s’organiser politiquement et de soutenir leurs leaders.
Dans un Etat de droit, les citoyens doivent se sentir libres et protégés par les forces de police qui sont au service de toute la nation, et non d’une partie de la nation.
Tous les citoyens devraient avoir droit au même traitement de la part des services de l’Etat, sans discrimination pour leur couleur politique.
S’il est vrai qu’on veut cette année, des élections apaisées, l’heure est venue pour que des sessions de recyclage soient organisées pour rappeler les policiers à leurs responsabilités. Ils devront désormais agir avec professionnalisme et neutralité, afin de rassurer tous les citoyens qu’ils ne sont pas au service d’un parti politique ou d’un groupement de formations politiques.
Le slogan « Policier du peuple» qu’ils lancent à chaque parade, doit avoir un contenu et se traduire dans les faits. C’est à cela que s’attendent les citoyens congolais longtemps traumatisés, réprimés et torturés par des policiers qui affichaient ouvertement leur appui à un camp politique, au détriment du camp adverse.

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article