Devenu introuvable sur la scène politique à 5 mois des élections - MLC : composer avec les impératifs du temps politique

Publié le par jpkasusula



C’est à peine croyable. Le Mouvement de Libération du Congo (MLC), deuxième force politique post-élection de 2006, est aujourd’hui introuvable à quelque cinq mois du grand derby électoral de novembre prochain. Englué dans une querelle de leadership qui a échoué devant les cours et tribunaux, le parti bembiste traîne, à prendre ses marques, alors que les autres forces politiques de l’opposition progressent et gagnent du terrain. A ce jour, sa seule visibilité se limite à quelques sorties médiatiques de certains cadres à travers des débats télévisés. Sur terrain, le MLC affiche une mine déroutante, écartelant ses militants entre les factions eh conflit qui se livrent à un jeu de poker.

D’un côté, François Muamba Tshishimbi fort de sa légitimité dans ses fonctions de chef du parti tel que l’attestent les statuts, s’en est remis à la justice pour débouter l’autre camp conduit par Thomas Luhaka avec la bénédiction de Jean-Pierre Bemba en personne. La faction de Luhaka, elle, semble avoir choisi de se réfugier auprès des militants qu’elle réunit presque chaque week-end à Kinshasa sous l’antienne du retour annoncé de Jean-Pierre Bemba qui, pourtant, n’en finit pas de ne pas, revenir.
Pendant ce temps, le chrono est en marche et le temps s’égrène inexorablement, alors qu’au bout du compte c’est le parti qui s’en va à vau-l’eau. Qui donc mettra de l’eau dans son vin pour trouver une issue à une crise dans laquelle tout le monde a tout à perdre ?
Primus inter pares, François Muamba, qui prend à coeur ses responsabilités, pourrait prendre la mesure de la logique judiciaire qui est longue et complexe pour comprendre qu’il devrait se mettre davantage dans le temps politique qui, d’ailleurs, lui est compté. Il devrait se consacrer à pérenniser son existence politique et formuler une offre politique, bref, tracer une nouvelle voie. Sa tournée réussie dans son Kasaï Oriental natal l’oblige, par ailleurs, à aller vite, d’autant qu’il porte désormais la lourde responsabilité d’y avoir amené le MLC en mobilisant aussi bien la classe politique locale que les masses laborieuses à la cause de ce parti.
Après avoir flairé une lueur d’espoir dans le combat de ce parti, ses co-régionnaires sont aujourd’hui désabusés. Ils ont presque déjà enterré le MLC tout en lui demandant, à lui Muamba, de créer sa propre structure. François Muamba devrait donc réfléchir rapidement à la réponse à apporter à cette requête pressante, tandis que ses collègues d’autres provinces (Constant Ndom et Albert Mpeti du Bandundu, Alex Kande du Kasaï Occidental, Kashoba du Katanga...), gagneraient aussi,à se mettre à l’écoute de leurs bases pour se déterminer utilement.
En face, Thomas Luhaka et ses équipiers ne devraient pas continuer à s’enfermer dans ce qui a fini de démontrer sa dimension chimérique : l’hypothétique retour de Jean-Pierre Bemba, un nom, une stature en qui tout le monde, ici, fonde ses espoirs quant à l’avenir politique immédiat des uns et des autres. Jusqu’à quand donc Luhaka et les siens continueront à se mentir à eux-mêmes face à l’évidence de l’impossibilité de ce retour? L’heure a sonné, aujourd’hui, de voir la réalité en face pour se déterminer en conséquence : le marathon judiciaire à la Cour Pénale Internationale (CPI) est encore long, et ne sera perturbé, d’aucune manière, par les évolutions électorales en RDC. D’autant que la CPI reste imperturbable face aux contingences de politique intérieure des pays d’origine de ses prévenus.
Concrètement, le dossier Bemba ne sera pas bouclé en moins de cinq mois pour le voir revenir éventuellement. Cinq mois c’est trop, d’ailleurs, puisque pour le voir s’aligner aux élections, le Chairman du MLC n’a plus que moins de dix jours pour se faire enrôler et ainsi prétendre être éligible.
Il est donc temps que les bembistes renoncent à la langue de bois pour voir la réalité imperturbable afin de se déterminer en toute objectivité. Les enjeux politiques et les appels des partenaires devraient dicter aux uns et aux autres un sens de l’élévation pour composer avec les impératifs du temps politique.
                                                                                            Jonas Eugène KOTA

Publié dans Politique

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