Tshisekedi au Katanga : Lubumbashi première étape de sa tournée nationale

Publié le par jpkasusula

 
(L'Avenir Quotidien 18/07/2011)
 

*Tshisekedi à Lubumbashi, est-ce une provocation ? Les observateurs pensent qu’il faut sortir de cette logique. Il faut se mettre en tête que chaque politicien a le droit de circuler dans toutes les provinces dans le respect de l’ordre public. *On doit s’attendre également à que les fiefs de l’Udsp s’ouvrent à tout le monde et que Limete, particulièrement les abords de la 10ème rue cessent d’être un no man’s land pour les supposés adversaires de Tshisekedi.

Etienne Tshisekedi séjournerait maintenant en Afrique du Sud, selon nos sources. Il a ainsi engagé le chemin de retour au pays après que le leader de l’Udps ait presque clôturé sa longue tournée euro-américaine. La dernière étape, selon le programme dont nous avons eu vent, devrait être sa rencontre avec le leader du Mlc incarcéré à La Haye. Les observateurs avertis n’attendent pas grand-chose de cette rencontre entre Tshisekedi et JP Bemba. Le mérite cependant, de cette rencontre, tout comme celui de cette longue tournée, réside dans la volonté de Etienne Tshisekedi de faire feu de tout bois. Cela peut paraître comme un manque d’objectifs clairs à atteindre au point de sombrer dans une espèce de touche-à-tout. Mais, une chose est vraie, le leader de l’Udps a certainement une idée derrière la tête. Le contraire nous étonnerait.

A propos de la tournée européenne, la question ne se pose pas en termes d’opportunité, mais de résultats obtenus. Qu’est-ce que le leader de l’Udps apporte dans sa gibecière ? Si le but à atteindre était la sensibilisation de la communauté internationale pour qu’elle ouvre les yeux sur les élections en Rdc, on peut parler d’enfoncer une porte ouverte dans la mesure où on ne voyait pas les observateurs internationaux traditionnels sécher les élections congolaises. Cette démarche qui s’adresse à la Ceni, institution indépendante, est considérée à tort comme une pointe faite contre le gouvernement en place, même si, la vérité est que dans sa démarche l’Udps a dévoilé une certaine méfiance vis-à-vis des institutions congolaises même celles qui n’ont pas mission d’organiser les élections. Car, si on accuse la Ceni d’organiser des fraudes, on suppose qu’elle le fait au profit d’un candidat. Lequel ? Question essentielle dans la mesure où, opposition et majorité composent cette commission électorale nationale indépendante (Ceni). Et pourtant, si Etienne Tshisekedi est dans son droit d’aller demander l’intervention de l’extérieur, il est aussi du pouvoir du gouvernement et de la Ceni de dire oui ou non. Car, il revient à la Ceni de programmer les observateurs. Dans la mesure où la Ceni a instauré le dialogue avec ses partenaires que sont les partis politiques, cette question pouvait être traitée dans ce cadre. En allant sensibiliser l’extérieur, le leader de l’Udps voulait faire d’une pierre plusieurs coups. C’est aussi son droit.

La suite de la tournée de Etienne Tshisekedi au niveau national n’est pas sans intérêt. Il a choisi de faire son retour au pays par Lubumbashi. Apparemment, cela est normal, mais on aurait tort de penser que c’est innocent. Le Katanga est dans le processus électoral actuel, un point très sensible. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre en compte tout ce qui se dit sur le compte de cette province.

Il y a d’abord la déclaration de Etienne Tshisekedi lui-même qui, évaluant ses chances de réussite, avait dit qu’il gagnera dans 10 provinces que compte la Rdc sauf au Katanga où il obligera son concurrent au partage. Un rapport, sorti de nulle part signé par FIDH accusait le président de l’Assemblée provinciale du Katanga d’organiser la chasse à l’homme contre les non originaires. Le responsable de la FIDH se proposait même de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu. Aussitôt après, alors que l’enrôlement se poursuivait encore, on a parlé de l’enrôlement des mineurs spécialement dans cette province.

La Ceni a même été obligée de diligenter une enquête mixte Ceni-Monusco-Unicef-police nationale. Les conclusions de cette enquête, contrairement aux allégations de fraudes, on n’en a pas beaucoup parlées. Disons, personne ne voulait en parler pour ne pas faire tomber l’échafaudage autour de la prétendue fraude massive qui se préparerait au Katanga. Pour enfoncer le clou, on a insisté sur les prévisions de la Ceni en faisant remarquer que le Katanga ne pouvait pas enrôler 4 millions d’électeurs, au tant que Kinshasa.

Les faits sont là. Kinshasa n’a pas dépassé 2,5 millions d’électeurs. Par rapport à 2006, il y a 1,5 millions de plus. Personne ne peut parler de minimisation du nombre d’électeurs à Kinshasa. Le Katanga, quant à lui, a atteint les 4 millions d’inscrits au fichier électoral. Sans aucun doute, les yeux seront encore tournés sur cette province au moment de nettoyage du fichier. Le passage de Tshisekedi par le Katanga peut revêtir donc d’autres enjeux. Le leader de l’Udps peut avoir choisi de commencer sa tournée par le Katanga pour donner une leçon didactique sur tout ce qu’il a dit à ses interlocuteurs au cours de sa tournée, notamment sur l’intolérance politique. Pour que cela se réalise, il faut que les dirigeants du Katanga lui mettent réellement le bâton dans les roues, l’empêche de faire tout ce qu’il voudra faire.

Le comportement des dirigeants katangais ne dépendra pas de leur seule volonté de faciliter la tâche à Tshisekedi. Encore faudra-t-il que le leader de l’Udps veuille que les choses lui soient facilitées. Si on assiste aux manœuvres du genre de celles vécues devant le siège national de la Ceni à Kinshasa, et si les autorités du Katanga réagissent avec force, il va de soi que l’Udps sera dans son élément et atteindra son but. Pour empêcher de donner prétexte à l’Udps de crier sur tous les toits l’empêchement des opposants à se mouvoir sur l’ensemble du territoire national, devra-t-on le laisser faire faire ? Une chose est vraie, tout ce qu’on fera, laisser faire ou vouloir appliquer les lois en matière des manifestations publiques, contribuera à faire la publicité gratuite et de Tshisekedi et de l’Udps. On ne doit donc ni banaliser ni sortir cette tournée de son vrai cadre celui d’une tournée comme la ferait n’importe quel politicien. Ce qui est valable à Lubumbashi l’est pour toutes les provinces du Congo. Ce qui est valable pour Etienne Tshisekedi doit l’être pour tous les politiciens congolais partout au pays.

En termes clairs, il ne faut pas que Limete, particulièrement les abords du siège de l’Udps et de la résidence de son leader deviennent un no man’s land pour ceux qu’on considère à raison ou à tort comme ses adversaires. Il faudra que les autres candidats opposés à Tshisekedi circulent librement dans les fiefs de l’IUdps. Car, on ne peut pas faire croire qu’il y aurait des partis politiques qui auraient le droit à la violence jusqu’à mettre les forces de l’ordre dans le dilemme. Moralité, il ne faut pas considérer l’arrivée de Tshisekedi à Lubumbashi, quelle que soit la manœuvre qui pourrait paraître comme une provocation, comme un défi lancé à qui que ce soit, et par conséquent comme un mal à combattre à tout prix. Il est fort possible que pour les militants de l’Udps, l’arrivée de leur leader à Lubumbashi sera la prise de la Bastille.

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Publié dans Politique

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