APRES LA DISPERSION DE CARAVANES MOTORISEES ELECTORALES PAR LA POLICE, L ‘UDPS INTERDITE DE MANIFESTATIONS EN PLEINE CAMPAGNE ELECTORALE!

Publié le par jpkasusula

A l’occasion du lancement de la campagne électorale en République démocratique du Congo, ce vendredi, un collectif d’ONG appelle au renforcement de la sécurité. A Mbuji-Mayi, la caravane motorisée de l’UDPS a été dispersée par la police!

C’est depuis hier, jeudi 27 octobre 2011, que la situation a dégénérée dans la ville de Mbuji-Mayi dans le Kasaï-Oriental. Via des coups de sifflets, les partisans de l’UDPS annonçaient vouloir débuté la campagne officiellement à minuit, rapportait notamment la Radio Okapi. Tard dans la soirée, deux groupes de manifestants se seraient affrontés, d’après le correspondant de la Radio Onusienne sur place. Des blessés et quelques biens notamment des moto et autres équipements de campagne auraient été « détruits » . Siégeant dans la soirée même, le conseil provincial de sécurité prendra quelques mesures. Le porte parole du gouvernement provincial affirme ce matin que :

« L’UDPS est interdite de manifestation publique. On lui reproche ne pas avoir signé le code de bonne conduite ».

Ce matin, des accrochages entre partisans de l’UDPS et du PPRD (Parti soutenant le président sortant) ont fait plusieurs blessés et une maison détruite. Des coups de feu ont été tiré notamment au niveau du Rond-Point de l’étoile dans la commune de Dibindi… les manifestants de l’UDPS sont dispersés par la police.
 Le spectre de nouvelles « violences électorales »

La République démocratique du Congo doit élire son président et ses députés, dans un mois, le 28 novembre prochain. La campagne débute ce vendredi sur fond d’inquiétude alors que les violences qui ont ponctué la période pré-électorale en font craindre d’autres d’ici au scrutin. Et l’incertitude plane toujours sur la tenue des élections à la date prévue.

Le pays ne semble pas prêt, estiment 41 ONG qui émettent « de sérieux doutes quant à la possibilité de tenir des élections crédibles, transparentes et démocratiques dans les délais officiels ». Leur collectif publie un communiqué de presse alarmant ce vendredi, à l’occasion du lancement de la campagne électorale.

Et la situation de ce matin dans le fief d’Etienne Tshisekedi (Président de l’UDPS et opposant de longue date) ne facilite pas les choses.
De nombreux motifs d’inquiétude

Les ONGs s’inquiètent de récents « affrontements violents entre la police et l’opposition » formée par l’Union pour la démocratie et le progès social (UDPS) et ses alliés. Ces heurts ont fait plusieurs morts depuis début septembre dans la capitale, et des dizaines de manifestants ont été arrêtés.

« La décision du gouvernement congolais d’interdire les manifestations politiques et publiques révèle son incapacité à prévenir et à répondre à la violence électorale », note d’ailleurs le coordinateur de la coalition d’ONG congolaises, Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées, signataire de ce communiqué qui rassemble ONG nationales et internationales.

Depuis mars, l’ONG Human Rights Watch a de son côté relevé « des dizaines de cas de discours haineux manifestement basés sur des critères ethniques, ainsi que d’incitation à la violence, de la part de candidats politiques et de leurs partisans », dans plusieurs provinces du pays, notamment à l’est.

Cette région instable où des groupes armés sont toujours actifs a de nouveau, et tristement, attiré l’attention médiatique en octobre, avec le meurtre de cinq humanitaires dans la province du Sud Kivu. Le collectif d’ONG s’inquiète globalement de « l’augmentation récente du nombre d’attaques contre les travailleurs humanitaires » notamment dans cette zone.

L’Est du pays et Kinshasa inquiètent

Cette « dégradation de la situation sécuritaire » touche en particulier cette région des Grands lacs très sensible. Mais aussi Kinshasa, où des affrontements entre les partisans du président Joseph Kabila et ceux de son opposant Jean-Pierre Bemba avaient fait des centaines de morts en 2007, quelques mois après le précédent scrutin présidentiel, dont les résultats avaient été contestés.
Les ONG craignent de nouvelles violences électorales, comme en 2006-2007 après le précédent rendez-vous présidentiel.

REUTERS/Finbarr O’Reilly

Une nouvelle dispute électorale pourrait survenir cette année, s’inquiètent les ONG. A ce titre, la baisse du nombre d’observateurs électoraux par rapport aux précédentes élections n’est pas pour rassurer: ils étaient 2550 en 2006 (300 de l’UE et 2250 de l’ONU), ils ne seront plus que 148 cette année (exclusivement envoyés par l’UE, aucun de l’ONU), selon les chiffres rapportés dans leur communiqué ce vendredi.

Le risque de dispute électorale et de violence est considérable

« Sans des élections libres et justes répondant aux normes internationales, et sans une forte présence d’observateurs locaux et internationaux pour rétablir la confiance dans le processus électoral, le risque de dispute électorale et de violence est considérable », est-il ajouté.

Ces organisations humanitaires et des droits de l’Homme appellent donc « tous les acteurs congolais et internationaux concernés à prendre des mesures urgentes » pour que ces élections répondent aux normes internationales. Elles espèrent notamment que la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (Monusco) et la police onusienne pourront gérer « toute violence électorale, y compris (…) tout usage excessif délibéré de la force par les autorités congolaises contre les civils ».

La solution serait-elle de repousser la date prévue du scrutin, fixée au 28 novembre? Faudrait-il découpler les deux votes, procéder aux législatives et reporter la présidentielle? Tous les regards sont désormais tournés vers la Commission électorale nationale indépendante pour savoir si elle arrivera à respecter son calendrier serré. Chaque défi en son temps.

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article