UN OPPOSANT REAGIT A L’ADRESSE DU PRESIDENT Kabila-bilan : la riposte de Kanku

Publié le par jpkasusula



L’élu de Dibaya a noté 17 points qui, à son avis, ont terni le mandat du chef de l’Etat. Clément Kanku s’est livré au décorticage de l’adresse du Président de la République, Joseph Kabila, faite à la Nation le 30 juin 2011 depuis Lubumbashi. Lors d’une conférence de presse tenue le 2 juillet au siège de son parti, à Lingwala, à Kinshasa, Kanku a jugé négatif le bilan du Président. L’opposant a noté 17 points qui ont terni le mandat du Président. Il les a énumérés. D’une part l’éducation, la santé,l’emploi, l’énergie, la gouvernance, le mauvais fonctionnement des institutions, la justice, la sécurité et l’instabilité économique. De l’autre, la faible production, la faible construction ou réhabilitation des infrastructures, la violation des droits de l’homme, l’abandon du secteur de l’agriculture et le clientélisme dans la distribution des tracteurs commandés en vue de la mécanisation, manque d’initiatives dans le secteur des transports et le désordre dans le processus de révision du fichier électoral. Ci-dessous, le texte de Kanku.

Chers compatriotes Nous venons de célébrer le 51ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance et cet anniversaire coïncide avec la fin du mandat de la 1ère législature de la 3ème république. C’est pourquoi nous devons tous marquer un temps d’arrêt pour voir d’où nous venons, où nous sommes et où nous allons. Il y a 51 ans le Roi Baudouin 1er  disait lors de son discours à Léopoldville, je cite «Mon pays et moi-même reconnaissons avec joie et émotion que le Congo accède ce30juin 1960, en plein accord et amitié avec la Belgique, à l’indépendance et à la souveraineté internationale». Mais nous ne devons pas oublier que cet indépendance était l’aboutissement d’une longue lutte menée par des milliers des gens dont en tête les pionniers de l’indépendance pour sortir de la servitude leur imposée par les colonisateurs pendant des longues années. En effet, le peuple excédé par les brimades, les bastonnades, les mutilations et autres sévices s’était un jour levé comme un seul homme pour mettre fin à cette tragédie. Ceci 51 ans après devrait d’ailleurs nous inspirer. Le 30 juin 1960 nous héritons d’un pays riche, stable, prospère, doté d’une administration efficace ; bref, des atouts pouvant lui permettre de devenir un grande nation au coeur de l’Afrique et pourquoi pas du monde. Mais le Congo plongé dans le chaos, les mutineries, les rébellions, les sécessions, les conflits politiques et institutionnels. Plus de cinq cents milles morts en cinq ans.
En 1965, le Colonel Mobutu et un groupe de militaires vont faire un coup d’état et prendre le pouvoir avec l’idée de remettre de l’ordre, cela va durer 32 ans. C’est l’ère du mobutisme, du parti état ; le pays entier chantera et dansera au nom du Maréchal Président qui s’octroie à lui seul tous les pouvoirs, une dictature sans pareille. Ce régime a eu le mérite d’avoir réunifié, pacifié le pays et redonné au Congo son image de grand pays au coeur de Afrique. Malheureusement la mauvaise gestion, le culte de la personnalité, la culture de la jouissance sonnera le glas de ce pouvoir autocratique. C’est ainsi que s’évanouit l’espérance de l’indépendance. Pendant ce régime dictatorial et répressif du maréchal Mobutu, la flamme de liberté et d’un pays prospère ne cessait de croître dans les coeurs des zaïrois. En 1980, treize parlementaires vont se désolidariser du MPR, parti état, pour exiger le retour à la démocratie contenue dans la Constitution de Luluabourg. Il fallait attendre le vent de la perestroïka qui va secouer les pays du bloc communiste et le dégel, le glasnost, entre les deux grandes puissances de l’époque, à savoir les Etats-Unis d’Amérique et l’URSS; que le président Mobutu puisse s’engager dans un processus de consultation populaire dont le point culminant va être le discours du 24 avril 1990. C’est la deuxième espérance qui s’amorce avec l’ouverture de la conférence nationale souveraine. Monseigneur Monsengwo Pansinya, va conduire cette agora de réconciliation et de la renaissance du pays. Toutes les questions de la vie nationale furent débattues dans un climat de déballage mutuel. De cette conférence sortira un gouvernement élu par les conférenciers, dirigé par Etienne Tshisekedi. Incompréhension, divergence, mauvaise lecture des textes, les historiens nous le diront un jour, Tshisekedi n’a gouverné que l’espace d’un matin.
Le pays va entrer dans une transition chaotique qui le ruinera. Pendant ce temps, les présidents du Rwanda et du Burundi trouvent la mort dans un accident d’avion, c’est le début du génocide rwandais. Une catastrophe qui coûtera la vie à plus de 800.000 personnes. Hutus et tutsis rwandais vont s’entretuer sur fond de xénophobie. Le Zaïre va accueillir tous les réfugiés de ce pays voisin, Mugunga, Goma, Bukavu seront pris d’assaut par ces réfugiés pour échapper à la folie meurtrière des FPR et des militaires du régime déchu. Prétextant du droit de poursuite aux forces rwandaises prohutu, le pouvoir de Kigali va fomenter une rébellion conduite par l’AFDL dirigé par Laurent-Désire Kabila pour attaquer le Zaïre. Le pays va basculer dans la rébellion. La deuxième espérance suscitée par la conférence nationale s’estompe dans la confusion, la rébellion partie de Uvira va contraindre le maréchal président d’abandonner le pouvoir, d’aller en exil au Maroc où il mourra l’année suivante. Les nouveaux maîtres du pays vont instaurer un régime d’exception, les libertés sont bafouées, les activités des partis politiques interdites; on impose les CPP qui s’apparentent curieusement au CVR du régime précèdent à ses débuts.
Le pouvoir afdelien va malgré tout redonner confiance aux Congolais en leur demandant de se prendre en charge, de s’organiser pour faire renaître le Congo. Toutes les forces que compte le pays vont s’inscrire dans cette nouvelle donne pour la reconstruction du pays. Ce discours va contraster avec les méthodes de gestion que le nouveau pouvoir va appliquer; les opposants sont arrêtés, relégués dans leurs villages, comme sous, la période de Mobutu, confiscation des biens des privés, signatures des contrats léonins restrictions des libertés publiques; bref la dictature s’installe de nouveau dans le pays. L’espoir de renaissance suscité par la chute du régime Mobutu s’évanouit, le peuple est une fois de plus pris en otage dans une nouvelle rébellion depuis le Kivu par les dissidents de l’AFDL. Une guerre meurtrière qui va entraîner le pays dans ce qu’on va appeler la première guerre mondiale africaine.
Plus de 13 armées des pays étrangers vont s’affronter sur le territoire congolais, 6.000.000 de morts. Coupé en trois morceaux, l’unité du Congo vole en éclat. Face a cette crise qui menaçait sérieusement la paix internationale, la communauté internationale par le biais des Nations unies s’interposa entre les belligérants et imposa un cessez le feu en 1999, signature de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka. Malgré cet accord, la guerre s’intensifia jusqu’à l’assassinat en 2001 du Président Laurent-Désire Kabila. Le dialogue inter congolais sera convoqué en Afrique du Sud pour mettre fin à la guerre par la signature de l’accord global et inclusif, ouvrant ainsi la voie aux premières élections pluralistes dans le pays depuis 1960. Ayant gagné les élections, la coalition AMP-UDEMO-PALU n’arrivera pas à résoudre les problèmes quotidiens des congolais. Pendant ce régime le pays n’a pas enregistré des avancées majeures. C’est dans un climat de crise multiforme que les élections sont convoquées par la CENI.

Parce que nous sommes à l’heure du bilan, que voyous-nous aujourd’hui?

L’éducation
L’éducation est un secteur abandonné, les écoles promises à travers ce chantier ne verront jamais le jour à part quelques réalisations financées par les partenaires internationaux ; même la gratuité de l’enseignement, pourtant reconnu dans la Constitution, n’est pas appliquée. Ce gouvernement a favorisé la spoliation des écoles héritées de la colonisation et de la 2èrneRépublique. Les conditions de travail des enseignants n’ont pas été améliorées. D’ailleurs, ces enseignants sont impayés, l’ironie est que beaucoup d’entre eux ne peuvent même pas scolariser leurs enfants cette politique a accentuée la déperdition scolaire et académique. Aveuglés par le culte de la personnalité, on a même osé induire les élèves en erreur dans leurs derniers items des examens d’Etat en attribuant abusivement une phrase biblique à un candidat, je cite «si vous ne croyez pas à ma parole, croyez au moins à mes oeuvres», fin de citation : Evangile de Jean chapitre 10 verset 38ème.

La Santé

Les hôpitaux, centres de santé promis ne seront toujours pas construits dans chaque territoire; au moins ils peuvent se vanter d’avoir achevé un vieux hôpital commencé avant l’indépendance. Les établissements hospitaliers qui existent, pour la plupart sont dans un état de délabrement très avancé ; les soins de santé qui y sont administrés sont tellement mauvais qu’ils ressemblent plus à des mouroirs. Même pour vacciner nos enfants on recourt à l’aide des partenaires internationaux.

L’emploi

Ce chantier est resté lettre morte ; à cause des mauvaises politiques dans ce domaine, le gouvernement n’aura pas du tout créé d’emplois, au contraire il a envoyé beaucoup de nos compatriotes au chômage depuis 5 ans. Le climat des affaires qui est délétère n’aura fait qu’aggraver cette situation.

L’Energie

Malgré les promesses faites, la crise énergétique s’est aggravée depuis 5 ans ; la desserte en électricité et en eau potable est devenue un mythe. Même le délestage qu’on n’a pas connu pendant la 2ème République, est devenu un luxe réservé aux privilégies. Beaucoup de province termine ce mandat sans électricité. Comme au début du mandat, nous sommes encore au stade des promesses; chute Katende pour le Kasaï occidental et Kakobola pour le Bandundu. C’est tout simplement triste qu’en plein XXlème un pays qui regorge autant de potentialité hydroélectrique vive ce genre de crise.

La gouvernance

La corruption et l’enrichissement illicite ont atteint des proportions inégalées; une poignée des personnes s’accapare la grande partie du revenu national à travers différentes combines laissant quelques miettes à la majorité de la population. Il suffit de voir le nombre d’immeubles qui pullulent à travers nos villes.

Les institutions

Autant nous saluons tous l’avènement de la 3ème République, autant le fonctionnement des institutions a connu un véritable fiasco. La gestion calamiteuse des affairés de l’Etat donne l’impression qu’on navigue à vue, le gouvernement improvise dans tout et à tous les domaines: à croire qu’arrivé aux affaires, il n’avait pas un programme cohérent de gouvernance. Sinon comment comprendre qu’en 5 ans, ce gouvernement ne s’est réuni que très rarement, ce qui pousse à se demander qui prenait ses décisions. Le parlement qui avait bien commencé par la qualité et la pertinence de ses débats est devenu l’ombre de lui-même, réduite à une chambre d’enregistrement.
Il ne sera pas en mesure de sanctionner les membres, de ce gouvernement même quand ils sont pris en flagrant délit. Le contrôle parlementaire est devenu une pièce de théâtre dont l’issu est connu d’avance.

La justice

Malgré les effets d’annonce, la nomination des nouveaux magistrats, notre justice est tellement corrompue qu’elle est une source d’insécurité permanente pour la population; distribuée à la tête du client, elle est restée le tendon d’Achille de l’appareil de l’Etat. Cette justice est instrumentalisée à souhait par l’exécutif, même à des fins politiques. On se rappellera quand même de certains slogans:
• portes de prisons sont désormais ouvertes;
• tolérance zéro;
• renforcement de la Tolérance zéro, etc.

La sécurité

La sécurité est une véritable préoccupation. Contrairement au satisfecit du gouvernement la situation sécuritaire est préoccupante, d’ailleurs les organisations de défense des droits de l’homme et la MONUSCO affirment que ces forces négatives continuent à semer morts et désolation dans différente partie de la république. Les cas de FDLR et LRA qui sont loin d’avoir été neutralisées restent très préoccupant. Mieux encore, d’autres foyers de tension ont apparu ailleurs avec leur lot de violence sur fond de crise humanitaire. Les zones urbaines ne sont pas épargnées avec les cas de banditisme et de criminalité. Le phénomène kuluna est parmi les cas d’insécurité qui s’aggrave tandis que le gouvernement n’a pas cessé de promettre des solutions durables qui n’arrivent jamais.

L’économie
La stabilité du cadre macroéconomique reste factice tellement que la réalité est différente. Les produits de consommation ont subi une augmentation vertigineuse. Les cas du poisson chinchard qui se vend aujourd’hui à 80 USD tandis que celui d’un bidon de 5 litre d’huile se vend à 15 000 Fc. Comment faire face à cette situation avec un pouvoir d’achat aussi faible.
Alors que ce gouvernement d’entrée de jeu avait promis d’atteindre le dernier palier de Mbudi il n’en sera pas question. Pour couronner le tout, le petit commerce est aujourd’hui pris d’assaut par les expatriés qui livrent une concurrence déloyale aux nationaux ; parce que étant eux-mêmes importateurs et détaillants avec la complicité’ des membres de ce gouvernement.

La Production
Contrairement à ce qu’on espérait, la production de nos ressources reste modeste. Même quand le ministre des hydrocarbures annonce à la représentation nationale des revenues de plus de 600 millions dollars américains, on ne verra même l’ombre d’un centime. Doit-on rappeler que la plupart de nos voisins continuent à exploiter allègrement le pétrole et autres ressources sur les zones communes. Avec ça, ces pays voisins continus à augmenter leur revenu alors que nous ne sommes nulle part. Nous rappelons encore que malgré les recommandations du parlement, le gaz méthane n’est toujours pas exploité au Lac Kivu, nous privant d’une source de revenu certain et exposant ainsi des milliers de nos compatriotes à une catastrophe future alors que le Rwanda voisin augmente tous les jours ses revenus grâce à cette exploitation.

Les Infrastructures

Le peu d’infrastructure réhabilité ou construite sont en grande partie sur financement des partenaires internationaux. Même si l’inauguration on ne s’empêche pas de récupérer politiquement. Les milliers dé kilomètre de routes et autoroutes tant promis ne se seront jamais réalisées mais on fait encore de promesse. La lutte antiérosive n’a pas été prise en charge par ce gouvernement à telle enseigne que beaucoup de nos villes sont vouées à la disparition.
Les infrastructures aéroportuaires ne sont toujours pas réhabilitées malgré la construction d’un pavillon présidentiel.

La Diplomatie

Notre diplomatie est tellement faible que nous sommes la risée du monde ; nos compatriotes sont maltraités et expulsés des pays voisins dans des conditions infrahumaines sans que notre gouvernement n’intervienne.

La Démocratie

Doit-on parler d’avancée dans ce domaine ? Je pense que non. L’intolérance politique est de mise ; qui ne sait pas que les enseignants, agents et fonctionnaires de l’Etat sont obligés d’adhérer aux partis politiques au pouvoir au risque d’être renvoyés. Les partis de l’Opposition sont constamment empêchés de se réunir; la preuve, notre meeting du 30 juin et les autres cas :
• le parti politique BDK est toujours empêché de fonctionner;
• l’incitation à la haine Les membres de la Majorité Président se livrant à cet exercice en toute impunité, le cas d’un récidiviste que vous connaissez tous au Katanga.

Les Droits de l’homme

Le mandat de ce gouvernement sera quand même marqué par des graves violations des droits de l’homme; autant des défenseurs des droits de l’homme assassinés, autant des journalistes seront tués plus qu’on l’a vu pendant les 32 ans de Mobutu; les cas de Chebeya, Bazana, Bapwa, Ngyke restent dans les esprits. Arrestation des opposants : le cas de Mokia, Kuthino, Mukonkole et autres.
L’Agriculture
Ce domaine est laissé pour compte. Malgré les effets d’annonce et la publicité faite autour de la distribution des tracteurs. Cela ne produira aucun effet sur terrain à cause des mauvaises politiques appliquées et de distributions fantaisistes de ces tracteurs sur fond de clientélisme. Les vrais producteurs sont abandonnés à leur triste sort. D’ailleurs, les produits agricoles locaux sont tellement rares sur le marché laissant la place aux produits importés. Qui aurait cru en 1960 que le Congo allait importer les oeufs et l’huile de palme en 2011. Quel gâchis avec un sol si fertile.

Le transport en commun

Ici aussi, rien n’a été fait, néanmoins ce gouvernement peut se vanter d’avoir uniformisé un mode de transport en commun qu’on ne voyait qu’en province ; j’ai cité les taxis moto, alors que le peu de bus qui existe sont les faits des congolaise de la diaspora à qui on refuse le droit de vote.

La Commission Electorale Nationale Indépendante
Le processus électoral est caractérisé par :
* l’enrôlement des mineurs;
• les kits défectueux;
• les disparitions des cartes d’électeur;
• la grève des agents qui exigent même des montants pour que les gens se fassent enrôler;
* le nombre insuffisant des bureaux;
• l’achat des cartes d’électeurs par des personnes bien identifiées;
• la longue distance entre les bureaux.
Alors pour éviter toute protestation ou autres crises politiques à répétition, il faut corriger toutes ces anomalies et nous offrir des bonnes élections dans le délai constitutionnel.
Chers compatriotes, 51 ans après nous sommes restés très dépendants des autres, nous sommes sous perfusion permanente de la Communauté internationale. Les partenaires internationaux interviennent dans tous les secteurs de la vie nationale..

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article