Sabotage des médias : Les hiboux sont de retour

Publié le par jpkasusula

Jeudi, 08 Septembre 2011 12:05

Le sabotage des locaux et équipements de RLTV (Radio Lisanga Télévision) dans la nuit de lundi à mardi vient de renvoyer les Congolais aux années 90, dans un environnement délétère de fin de règne de feu le maréchal Mobutu Sese Seko. Allergique à l'ouverture démocratique qu'il venait de décréter lui-même le 24 avril 1990, sous la pression de l'ouragan de la Perestroïka et de la Glasnost ayant emporté l'empire soviétique, le dictateur avait horreur de l'information plurielle et de la diversité d'opinions.

Afin dé réduire au silence les médias qui dérangeaient la pensée unique il avait choisi d'en frapper quelques uns par des actions de plasticage menées par des commandos de la mort : « Hiboux », DSP (Division Spéciale Présidentielle), Garde Civile, éléments anti-terroristes, FIS «(Forces d'intervention spéciale). L'un des planificateurs de ces sales besognes était bien connu de la place de Kinshasa, nous avons cité Honoré Gbanda, son Conseiller Spécial en matière de sécurité, baptisé par l'homme de la rue du sobriquet peu flatteur de « Terminator ».

A l'époque les escadrons de la mort de Mobutu avaient réduit en cendres les imprimeries « Recto Verso » du journal « Le Potentiel » dans la commune de Ngbaba, «Terra Nova » du journal Forum des As » dans la commune de Matete  « Les Imprimeries du Zaïre » du journal « Elima » dans la commune de Ngaliema. Ces actes de sabotage avaient porté un coup fatal non seulement à ces médias, mais aussi à tous les journaux qui étaient produits grâce à leurs outils de travail.

Quant aux journalistes et responsables des maisons de presse jugés hostiles au mobutisme et à ses dignitaires, ils étaient l'objet de menaces permanentes de toutes sortes, régulièrement interpellés par les services spéciaux, arrêtés, gardés en détention prolongée dans des amigos, jetés en prison sans procès et parfois éliminés froidement. Un climat de terreur permanente était entretenu autour de la presse libre et indépendante, afin de l'empêcher de diffuse une information plurielle.

Le décor actuel de harcèlement des médias et journaliste ainsi que d'incendie et mise à sac des infrastructures des maisons de presse étiquetés comme anti-pouvoir rappelle celui des années de terreur à des millions de compatriotes ayant survécu à la dictature de Mobutu.

Hier, c'est CCTV (Canal Congo Télévision) qui avait fait les frais des violences post-électorales, à la suite d'un incendie d'origine criminelle imputé à des exécuteurs instrumentalisés par le pouvoir. En plus d'importants dégâts matériels enregistrés alors, le Directeur Général de cette chaîne, Stéphane Kitutu O'Leontwa, avait été brûlé au troisième degré et était passé à un doigt de la mort.

Les professionnels congolais des médias, singulièrement ceux qui pensent faire correctement leur travail en relayant indistinctement tous les sons de cloche, commencent à se demander à quelle sauce ils vont être cuisinés en cette période préélectorale qui s'annonce lourde de menaces pour leur intégrité physique, leurs matériels et infrastructures de travail.

La sécurité des journalistes congolais est plus que jamais remise sur leur tapis. Ceux-ci ont toutes les raisons de craindre le pire d'autant que les pouvoirs publics, qui devraient assurer leur protection et celle de leurs instruments de travail, donnent l'impression d'avoir démissionné de leurs responsabilités. Le cas de RLTV est fort révélateur des crimes planifiés contre certains médias. Il ressort des dires des responsables et agents de cette chaîne qu'ils avaient fait part, aux autorités civiles et policières urbaines des menaces de sabotage et de mort qui pesaient sur eux, émis par des correspondants anonymes. En dépit des alertes répétées et des agressions physiques dont étaient victimes, ces temps derniers, journalistes et caméramen, aucun dispositif sécuritaire n'a été déployé autour des installations de RLTV. De là à croire, que dû crime était tacitement encouragée dans son entreprise diabolique, il n'y a qu'un pas que nombre d'observateurs ont vite fait de franchir.

Avec un signal aussi négatif, que va être le sort des médias en pleine campagne électorale et surtout le jour du vote?

                                                                                                                 Kimp

Publié dans Politique

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