Présidentielle 2011 : Guerre de leadership : l'Opposition se fragilise !
A quelques cinq mois des élections présidentielle et législatives, l'opposition politique congolaise forte de ses trois pions majeurs n'arrête pas d'inquiéter les observateurs que nous sommes. Parler de trois pions majeurs de l'opposition ne peut poser aucun problème à ceux qui suivent la politique congolaise avec attention. Il s'agit d'Etienne Tshisekedi, de Vital Kamerhe et de Jean-Pierre Bemba.
Parmi les trois, à travers l'idée sur la candidature unique, règne une cacophonie paralysante.
Incapables de s'entendre, ils font en fait le jeu du pouvoir: Toute tentative de réunir l'Opposition se bute aux mêmes obstacles, citons: la géographie électorale, les divisions internes, la course au pouvoir, le désir de prouver aux autres l'effectivité de son leadership...
Jusqu'où peuvent aller ces opposants dans leur lutte fratricide où ils semblent abandonner la proie pour l'ombre ?
Un mythe vivant
Tshisekedi a des atouts indéniables. Opposant historique contre le régime de Mobutu alors qu'il a travaillé pratiquement avec Mobutu depuis 1960 au sein du collège des commissaires généraux. Au début du nouveau régime, il joue un rôle fondamental dans le gouvernement. C'est n 1977 qu'il décide de rompre avec Mobutu. Il lutte, mais n'obtient rien de concret. Et l'AFDL vient déboulonner Mobutu en 1997. Sa lutte prend une autre tournure, il semble perdre pied. Mais ne perd pas de son mordant, à chacune de ses sorties, il ne cesse de surprendre.
II surprend néanmoins lors de la mise en place du gouvernement de transition dit le 1+4, il refuse assez malicieusement la vice-présidence réservée à l'opposition politique. Z'Ahidi Ngoma s'en empare. En 2005, il boycotte l'enrôlement, et appelle ses partisans au boycott des élections de 2006. Son mythe semble pourtant intact et sa popularité, surtout à Kinshasa, a été confirmée lors de son meeting du 24 avril 2011 au stade Tata Raphaël. Il a le charisme d'un leader.
Kamerhe : des initiatives mal comprises
Vital Kamerhe connaît Kabila mieux Joseph Kabila pour avoir travaillé avec lui comme Directeur de campagne en 2006. Il a occupé la fonction de secrétaire général du PPRD qu'il a redynamisé et il a été l'un des meilleurs speakers de la Rdc. Il démissionne avec fracas en mars 2009 du bureau de l'Assemblée nationale. Selon lui, ce sont les contrats chinois d'une part et d'autre part l'entente entre Kagame et Kabila en janvier 2009 pour chasser les Hutus rwandais de l'EST de la Rdc qui ont provoqué sa démission. Des trois poids lourds de l'Opposition, Kamerhe est sans conteste celui qui a milité le plus pour l'unité de l'Opposition. Il prend l'initiative de rencontrer Jean-Pierre Bemba. Il sollicite Etienne Tshisekedi. Il envisage même les Etats généraux de l'opposition.
En tout cas, avec sa verve légendaire, Vital Kamerhe embouche l'olifant d'une Opposition unie mais, ne fait pas mystère de ses ambitions.
Quoi de plus normal dès lors que son parti, l'UNC, à peine né, a réussi à fédérer moult sympathies tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.
Bemba, l'est de l'opposition
Orphelin depuis l'arrestation, en mai 2008, de Jean-Pierre Bemba, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité après des exactions commises, par ses troupes en Centrafrique, entre 2002 et 2003, le MLC est en perte de vitesse. A cela, si l'on ajoute l'affaire de la révocation le 18 avril de François Muamba à la tête du MLC et les péripéties qui en découlent, le vase déborde. Mais, un espoir pour les Bembistes. “ Le jugement de la CPI doit intervenir avant le 30 septembre. S'il est acquitté, on pourra donc envisager sa candidature.
Il faut donc que,si ce qui a tout air d'un miracle, à savoir le retour au pays de JP Bemba, se produit, il faut s'attendre à ce que cet homme tente d'imposer sa touche au sein de l'Opposition.
Avec cette inflation des stratégies et des projets de société en vue, il y a risque de voir l'Opposition imploser, après tout, ne dit-on pas que qui trop embrasse, mal étreint ?
LP