Congo: des experts étrangers pour réviser le traitement des résultats
Mis en ligne le 05/01/2012
Des experts étrangers sont arrivés en République démocratique du Congo (RDC) pour étudier la faisabilité d'une révision "plus large" du processus de compilation des résultats des élections législatives du 28 novembre. Il s'agit d'une "petite équipe d'experts électoraux internationaux" fournie par les organisations américaines National Democratic Institute (NDI) et International Foundation for Electoral Systems (IFES) qui est arrivée mercredi, indique leur communiqué conjoint reçu jeudi à l'AFP.
Apparemment aucun expert belge ne fait partie de cette équipe, a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Bruxelles. "L'équipe va évaluer la disponibilité des données cruciales et les personnels nécessaires pour une révision plus large du processus de compilation des résultats des élections législatives du 28 novembre", a indiqué le président de l'IFES, William Sweeney, cité dans le texte.
"L'objectif (...) est de déterminer s'il est possible de vérifier les résultats des élections à travers une révision plus large des opérations et de proposer des conseils sur la forme qu'un tel effort pourrait prendre", a précisé le président du NDI, Kenneth Wollack, également cité dans le communiqué. L'équipe rencontrera notamment les autorités en charge des élections, les principaux partis politiques et les observateurs électoraux nationaux et internationaux. Elle devrait rester en RDC pour "une durée approximative de trois semaines".
La présidentielle, couplée aux législatives, a été remportée par le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila avec 48,95%, devant l'opposant Etienne Tshisekedi (32,33%), qui s'est autoproclamé "président élu", dénonçant des irrégularités aussi constatées par nombre d'observateurs nationaux et internationaux. L'Union européenne avait déclaré le 20 décembre qu'elle "réévaluerait son soutien" à la RDC en fonction des "prochaines étapes du processus démocratique congolais".
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) avait alors partiellement suspendu la compilation des résultats "en vue de garantir la transparence et la crédibilité" du processus et en attendant "l'arrivée des équipes de supervision et d'appui technique international" proposées par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mais la Céni, qui doit annoncer le 13 janvier les résultats complets provisoires - sans que l'on sache si cette échéance sera respectée -, a levé la suspension le 28 décembre. Entre autres parce que la venue des experts se faisait attendre et que leur mandat restait imprécis.
"Encore une fois, la Céni n'est pas en déficit technique", a assuré le vice-président de la Commision électorale, l'ex-sénateur d'opposition Jacques Djoli. La venue d'experts vise "tout simplement (à palier) un problème de foi - qu'on appelle ailleurs crédibilité - et donc de croyance, en ce que nous faisons", a-t-il ajouté. Près de 19.000 candidats se présentent pour seulement 500 sièges à l'Assemblée nationale.
Selon les résultats partiels publiés par la Céni et portant sur 219 des 500 sièges, le parti de M. Kabila arrive en tête. Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), la principale composante de la Majorité présidentielle (MP) et parti créé par M. Kabila, arrive en tête avec trente-deux élus, suivi de l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS) du vieil opposant Etienne Tshisekedi, rival du chef de l'Etat à la présidentielle, avec vingt sièges.
Un autre parti de la majorité créé à la veille du double scrutin du 28 novembre, le Parti du Peuple pour la Paix et la Démocratie (PPPD), rafle seize sièges.
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Le député Laurent Louis pour un recomptage des voix
Le député fédéral Laurent Louis a joint jeudi sa voix à celle de l'opposition congolaise pour réclamer un recomptage des voix, voire l'organisation d'un second tour de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), dénonçant au passage l'"ingérence" dont la Belgique fait, selon lui, encore preuve dans son ancienne colonie. "Nous avons décidé de soutenir pleinement l'opposition congolaise pour rétablir la légitimité" de la victoire de l'opposant Etienne Tshisekedi lors du scrutin du 28 novembre dernier, a affirmé le député et président du petit Mouvement libéral démocrate (MLD) - dont il est le seul élu - au cours d'une conférence de presse à Bruxelles.
M. Louis était flanqué d'opposants au président réélu Joseph Kabila, dont Félix Tshisekedi, le fils du président de l'Union pour la Démocratie et le Progrès (UDPS), arrivé second de la présidentielle devant neuf autres candidats, dont plusieurs ont aussi contesté les résultats. Il a précisé qu'il avait écrit jeudi matin aux Nations Unies pour demander que M. Kabila "fasse preuve d'ouverture en acceptant un recomptage des voix, voire un second tour" le confrontant à M. Tshisekedi.
Le député MLD a encore lancé un appel au "refus de l'ingérence" que la Belgique continue, selon lui, à pratiquer en s'"immisçant dans les affaires congolaises". "Nos dirigeants ont placé à la tête du Congo des dirigeants fantoches", a-t-il dit en substance.